Real Women Have Curves, un récit initiatique sous fond de pression familiale et de body acceptance

Real Women Have Curves


Porté par une America Ferrera encore inconnue et dont c'est le premier long-métrage, Real Women Have Curves (Ana en VF) est une adaptation cinématographique d'une pièce de théâtre de Josefina López et réalisé par Patricia Cardoso en 2002. Le film suit Ana, une jeune femme mexicano-Américaine qui vient juste de finir le lycée, mais qui ne peut pas aller à l'université à cause des responsabilités familiales qui lui sont imposées. Elle doit donc travailler à l'atelier de couture de sa soeur aînée Estela.

Real Women Have Curves est un film qui reste toujours aussi parlant, même 19 ans après sa sortie. Le long-métrage véhicule de nombreux sujets tels que le passage à l’âge adulte, le body positivisme ou encore la pression familiale. Ana a des rêves et des désirs d’indépendance. Elle a la possibilité d’aller à l’université, mais mis à part son professeur de littérature, personne au sein de sa famille ne la pousse à atteindre son véritable potentiel. Carmen, sa mère, a d’ailleurs une vision très limitée sur l’avenir d’Ana et selon elle, le plus important est que sa fille perde du poids pour avoir un bon mari et qu’elle puisse aider sa famille. Elle ne voit pas l'éducation supérieure d'Ana comme quelque chose d'important et va même jusqu’à la culpabiliser quand elle est acceptée dans l’université de ses rêves.

REAL WOMEN HAVE CURVES est un récit initiatique et au delà de montrer les problématiques familiales, le métrage va également illustrer l’éveil sexuel d’Ana alors qu’elle commence à sortir avec Jimmy, un camarade de classe. Une des moments culminants entre le jeune couple est la scène où ils vont coucher ensemble pour la première fois. Alors qu’ils sont dans le noir, Ana allume la lumière et demande à Jimmy de la regarder alors qu’elle se retrouve complètement nue devant un miroir : Wait! Turn the lights on. I want you to see me. See, this is what I look like. C'est une scène puissante où l’acceptation de son propre corps et son estime de soi sont mis en lumière. Il devient alors évident aux yeux des spectateurs qu’Ana n’est pas embarrassée par son corps (malgré les remarques incessantes de sa mère) et que l’opinion des autres importe peu.

Real Women Have Curves
@HBO Films / NewMarket Films



America Ferrera interprète ici son premier grand rôle au cinéma et elle dégage une puissance et une douceur qui rend son personnage crédible et attachant. Ana incarne alors une figure féminine forte qui n’a pas peur de rentrer dedans et de faire connaître haut et fort ses convictions. Elle n’a jamais peur d’affronter et de s’opposer à sa mère, tout particulièrement dans une scène où cette dernière réalise qu’Ana n’est plus vierge : 
- You’re not only fat, now you’re a puta!
- You would say that, wouldn’t you?
- Why didn't you value yourself? 
- ’Cause there's more to me than what's in between my legs!
Ana revendique alors sa valeur et rappelle à sa mère qu’elle est sa propre personne et qu’elle n’est plus une enfant. Une autre scène marquante du film se passe à l’atelier de couture d’Estela, la soeur d’Ana. A cause de la chaleur insoutenable, Ana se déshabille et se retrouve alors en sous-vêtements. Sa mère est horrifiée et embarrassée qu'Ana n'ait pas honte de montrer son corps. Ana arrive à convaincre toutes les femmes de l’atelier, dont sa soeur, de suivre son exemple. La suite de la scène est assez drôle : quand toutes les femmes de l’atelier se retrouvent en sous-vêtements pour comparer leur cellulite et leurs vergetures, sans aucune gêne et aucun jugement. C’est un moment intime et bienveillant qui fait chaud au cœur et qui fait sourire. 

“How dare anybody try to tell me how I should look like or what I should be when there is so much more to me than just my weight.” - Ana

REAL WOMEN HAVE CURVES est un film fort, mais qui reste, j’ai l’impression, relativement peu connu du public français, ce qui est fort dommage de part les messages et réflexions qu’il véhicule. Les différents thématiques abordées sont pertinentes et intemporelles et il est facile de s’identifier à Ana, n’importe l’âge que peut avoir le spectateur. 



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