Le Pouvoir : la série SF qui donne le pouvoir aux femmes

Affiche (poster) de la série Le Pouvoir


[CRITIQUE / AVIS SÉRIE] Avec Toni Colette en tête d’affiche, Le Pouvoir (The Power en VO) illustre parfaitement les notions de féminisme et de sexisme avec une histoire où les femmes se voient doter de la capacité à générer de l'électricité. Zoom sur cette première saison plus que convaincante !


Diffusée à partir du 31 mars sur Amazon Prime Video, Le Pouvoir est l’adaptation du best-seller éponyme écrit par Naomi Alderman qui raconte la prise de pouvoir par les femmes après que ces dernières se sont découvert la capacité de générer de l’électricité. L’ouvrage montre ainsi le passage du système patriarcal au système matriarcal. Le Pouvoir tire son inspiration du roman La Servante écarlate, ce qui n'est pas surprenant puisque Margaret Atwood était la mentor d’Alderman.

Devenir des femmes puissantes pour survivre

La série suit différents personnages à travers le globe : Allie (Halle Bush), dite Eve, une jeune adolescente abusée par son père adoptif qui se réfugie dans un couvent où elle devient une figure quasi divine. Margot (Toni Colette), la mairesse de Seattle qui doit faire face aux répercussions personnelles et politiques face à l’émergence de ce pouvoir féminin. Jos (Auli'i Cravalho), sa fille, qui a une relation conflictuelle avec sa mère et qui peine à maîtriser son pouvoir. Roxie (Ria Zmitrowicz), une londonienne et fille illégitime d’un truand qui cherche à venger le meurtre de sa mère. Tatiana (Zrinka Cvitešić), l'épouse d'un dictateur d'Europe de l'Est qui veut exploiter le pouvoir des femmes. Pour finir, Tunde (Toheeb Jimoh), un journaliste nigérian qui documente les évènements de ce nouveau monde en devenir.

Le Pouvoir évoque les rapports de force et de domination d'une société patriarcale en passe de devenir une société matriarcale. On ressent alors la possibilité d'une société qui sera remodelée pour correspondre au sexe/genre fort, qui est désormais la femme (note : alors que l'origine du pouvoir était due aux chromosomes dans le roman, dans la série, elle est due aux hormones). Si les femmes ont ce pouvoir, c'est pour survivre. En effet, il est ensuite expliqué que l'apparition de ce nouvel organe, le skein, est due à une mutation génétique qui se déclenche pour des raisons de survie. Cette approche est intéressante et montre que la société actuelle est tellement hostile aux femmes que le corps lui-même réagit pour se protéger de cette hostilité.

Ève et les filles du couvent (Scène de la série Le Pouvoir)
© Amazon Prime Video



La société patriarcale en voie de disparition ?

La série dans son ensemble dénonce les problèmes de société liés aux femmes. La lutte de Margot pour permettre aux filles de disposer de leur corps comme elles le souhaitent fait écho à ce que les femmes vivent au quotidien, à savoir les lois qui régissent leur corps (on pense notamment aux lois sur l'avortement). Il est très problématique, en 2023, que les hommes aient encore le pouvoir et le contrôle sur le corps des femmes. Le Pouvoir se penche également sur le sexisme que Margot subit tous les jours au travail : une réalité pour les femmes dans le monde du travail.

La série télévisée montre ainsi divers contextes géopolitiques : dans certains pays, des restrictions sont imposées aux femmes. Là encore, cela reflète la réalité de milliers de femmes dans des pays où elles ont peu de droits et sont soumises à de nombreuses interdictions. L'émergence de ce nouveau pouvoir déclenche de nombreuses réactions : des soulèvements de femmes dans les pays où elles sont opprimées, mais aussi une montée du masculinisme qui touche même les plus jeunes, notamment le fils de Margot. On peut alors faire un parallèle avec les réactions suscitées par la montée du féminisme au cours de ces dernières années.

Roxie qui utilise son pouvoir dans un champs (La série Le Pouvoir)
© Amazon Prime Video



The Power : une série féministe de science-fiction qui pose les bonnes questions 

Le Pouvoir affirme encore plus son féminisme en ayant une équipe de production et d'écriture majoritairement constituée de femmes. C’est également une femme qui s’est chargée de composer la musique de la série : Morgan Kibby, l'une des membres du groupe M83.

On ressent tout de même qu’il aurait fallu peut-être plus de neuf épisodes pour explorer tout le potentiel du matériel d'origine. Il y a trop de personnages et certaines intrigues prennent plus de place que d’autres. Toutefois, il est toujours possible d’approfondir l’univers dans une éventuelle seconde saison. Si cette première saison montre que les femmes commencent à ne plus vivre dans la peur et que leur pouvoir offre un sentiment de sécurité, il serait intéressant qu’une seconde saison aille jusqu'à montrer des hommes vivant dans la peur. Avec son message féministe fort, Le Pouvoir s'interroge sur la façon dont les femmes au pouvoir changeront l'image du monde : cela sera-t-il pour le meilleur ou pour le pire ?


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